L’affaire dite de faux médicaments dans lequel le député Atao Taofick HINNOUHO est abondamment cité a montré, au-delà de la saga médiatique, les impérities des éléments de la police républicaine aux ordres du général Nazaire Hounnonkpè. Une légèreté dans la conduite d’une affaire si complexe qui lève un coin de voile sur une probable main invisible sur la détention à vue du parlementaire.
Aristide F. HOUNKPEVI
Suite à l’ordonnance du Juge des Libertés et de Détentions (JLD) du tribunal de première instance de première classe de Cotonou de relâcher le député Atao Taofick HINNOUHO pour défaut d’autorisation préalable de l’assemblée nationale, un motif développé par son avocat Me Alfred Bocovo qui plaide immunité parlementaire conformément à l’article 90 de la constitution du 11 décembre 1990, la police républicaine n’a pas daigné s’y conformer. Elle a procédé à la détention à vue du prévenu prenant le contre-pied de l’ordonnance du JLD. Cet acte hautement attentatoire à la liberté de la justice qui dénote d’une insoumission de l’officier de police judiciaire à l’autorité du juge et de surcroît un juge de son ressort. En effet, cet article prévoit qu’ « aucun député ne peut, pendant la durée des sessions, être poursuivi ou arrêté en matière criminelle ou correctionnelle, qu’avec l’autorisation de l’assemblée nationale, sauf cas de flagrant délit. Or, le dossier est encore à l’étape de la procédure les charges de délit flagrant ne sont passe, examen sur la table du juge. De là on est en droit se demander, de quel chef la police a procédé à mise en garde-à-vue du député Atao Taofick HINNOUHO ?
L’argument du mandat d’arrêt est tombé dans la déchéance
Dans le sens commun du droit un mandat d’arrêt est l’ordre donné à la force publique de rechercher l’inculpé et de le conduire à la maison d’arrêt indiquée sur le mandat où il sera reçu et détenu a prévu l’article 132 du code de procédure pénale en vigueur en république du Bénin. Dans le cas d’espèce, l’absence prolongée du député Atao sur le territoire national a obligé le juge d’instruction a décerné à son encontre ledit mandat afin de l’écouter et de disposer de lui toutes fois que cela s’avère nécessaire dans le dossier. Dans la foulée des réactions tous azimuts sur la détention de l’honorable HINNOUHO, le ministre de la justice, garde-des-sceaux reçu sur une station radio privée sur cette affaire a estimé dans sa clarification que c’est normal qu’à la vue du député Atao HINNOUHO, les officiers de la police judicaires aient cherché à l’arrêté dans le seul but de mettre en exécution le mandat d’arrêt décerné contre lui. Or, le prévenu s’est présenté librement au cabinet du juge d’instruction le 27 Avril 2018 alors que l’article 68 du code de procédure pénale a prévu que l’arrivée du procureur sur les lieux d’infraction dessaisit l’officier de police. Ce qui voudra dire en terme terre-à-terre que l’officier du police judiciaire est placée sous l’autorité de la justice d’où la présence du mis en cause devant le juge d’instruction dessaisit l’officier du police judiciaire et anéantit à ce fait le mandat détenu à leurs mains.
L’on est en droit au regard de ces dispositions ci-dessus citées dire sans se tromper dire que cette volonté à outrance de mettre la main sur le parlementaire relève d’une stratégie inavouée de mettre au silence l’élu de la 15 circonscription électorale. En claire, la police a reçu des ordres exprès d’agir contre l’ordonnance du JLD.
La police républicaine, entre manipulation et subordination ?
Quand on connaît toute la hargne que l’on met à punir la moindre bavure dans la ‘’nouvelle ‘’ police républicaine il saute à l’œil du borgne que laisser impunie cette violation flagrante de l’indépendance du juge relève d’une mission savamment accomplie.
Qu’il nous souvienne que des éléments de la police républicaine ont écopé de sanction disciplinaire grave pour n’avoir pas porté l’uniforme sur les lieux de travail ou pour avoir ‘’emprunté quelques dizaines de billet dans les frais de patrouille’’. Mais face à une violation grave des dispositions prévues dans le code de procédure pénale, aucune sanction ne pointe à l’horizon en tout cas pas avant 2021. Toute chose qui force à se convaincre que la haute hiérarchie policière ne meut que sous le clic d’une télécommande invisible dont le seul but serait d’incarcérer coute que coute le député Atao Taofick HINNOUNHO. Voilà les limites de la police rénovée, fruit d’une fusion scientifiquement pensée et exécutée. Et pourtant !
Afin que les milliers de béninois intoxiqués par ces faux médicaments aient justice, il va falloir que les procédures en la matière soient respectées religieusement. Il y v de l’image de notre démocratie à l’internationale.